« L’an 1930 vu par l’an 2030 » est le titre d’un article anonyme, paru dans Images du 6 juillet 1930.
L’an 1930 vu par l’an 2030
Les moyens dont nous disposons pour léguer à nos successeurs des souvenirs impérissables.
Comment notre époque se présentera-t- elle à nos descendants ?… Que sauront-ils de nous ?… Que faisons-nous pour léguer à nos successeurs ce qui, aujourd’hui, fait notre gloire ?
Lady Astor nous en a donné récemment un exemple. Elle a légué au Musée de Plymouth, pour y être conservé, l’habit qu’elle porta à la Chambre des Communes quand elle y prit place, en qualité de première femme, membre de la Chambre des Communes.
Notre génération a des moyens illimités pour laisser à ses descendants des souvenirs impérissables… Entre autres, le gramophone et le « Talkie ». Ainsi ceux qui vivront en 2030 pourront voir et entendre Mussolini, Ramsay Mac Donald, Hoover et d’autres sommités du monde politique et autre. Les faits-divers que nous voyons aujourd’hui au cinéma sont une vivante histoire de notre époque.
Le célèbre violoniste Jean Kubelik [sic] a fait enregistrer récemment deux auditions musicales pour le bénéfice de ses descendants. En secret, il tourna un film sonore dans lequel il interpréta deux de ses plus belles œuvres. Ce film, le seul qu’il ait jamais tourné, ne sera pas montré au public. Il est destiné à la postérité.
Les compagnies de gramophones également se sont mises de la partie. Elles ont précieusement fait enregistrer la voix du roi George V et de plusieurs écrivains éminents, Celle de Caruso, lorsqu’elle se fera produire dans un siècle, ne manquera pas d’émerveiller nos petits enfants.
Le métier d’écolier sera bien agréable à l’avenir. Ainsi, au lieu de lire Bernard Shaw, les élèves auront la satisfaction beaucoup plus grande de le voir et de l’entendre. De la même façon ils apprendront l’histoire.
Maintenant, on peut se demander ce que sera le développement de la science d’ici un siècle ? Nous croyons aujourd’hui être arrivés au summum de toutes les inventions, de toutes les découvertes, et cependant que de pas ne restent-ils pas à franchir, que de perfectionnements à apporter dans tous les domaines !
En 1930, ne rions-nous pas sincèrement des appareils de gramophone qui, il n’y a pas vingt ans, faisaient le délice de notre jeune âge ? Ne sourions-nous pas en pensant aux modèles d’automobiles d’avant guerre ? Que sera-ce dans un siècle ? Quelle impression fera aux visiteurs des musées de demain la vue de nos modèles d’aujourd’hui ? Quand la traversée de l’Atlantique par avion sera tellement commune que les paquebot aériens grouilleront de passagers, que paraîtra l’exploit d’un Lindberg [sic] ?
Quoi qu’il en soit, les moyens que nous possédons pour transmettre à nos descendants la civilisation de notre époque sont innombrable grande sera leur joie dans cent ans de voir et d’entendre les hommes illustres de nos jours dont nous pouvons nous montrer, malgré tout, très fiers.