Le pantacle de l’ange déchu, le vrai visage de l’infâme…
Comment es-tu tombé du ciel, Lucifer, toi qui brillais dans le matin ? – Isaïe
Par Charles-Gustave Burg, un nom factice qui ne dépare pas le titre, et illustré par l’infiniment glauque Henri Lievens.
En général, je m’arrête aux premières lignes des romans occultes, à part d’auteurs dont je connais déjà le style et le brio. Celui-ci ajoutait tant de détails que j’ai soupçonné une démesure qui me plaît, à commencer par le mot « pantacle » orthographié différemment, par pure coquetterie. J’ai lu quelques pages (je rappelle que je trie et range, il est hors de question de me laisser aller à lire tout ce qui m’attire !) et elles m’ont suffi pour envoyer le roman rejoindre une case mémoire importante, celle des bonnes surprises à découvrir.
L’auteur est allègre, avec des dialogues vifs peu moraux et se présente comme un chercheur occulte, libraire (bouquiniste sans nul doute) au Quartier Latin, son premier interlocuteur est… Claude Seignolle. Saigneurs ! Tout est vrai donc.
Leur rencontre est le point de départ irrévérencieux d’une histoire qui me paraît fameuse, visionnaire et pleines de vieux livres, des bouquins tiens, à l’odeur pestilentielle.
Claude Seignolle se gratta le bout de l’oreille ; il n’aimait guère les discussions abstraites…
— Nous abordons des histoires de séminaires, dit-il en me servant à boire, mais peut-être pourrions-nous nous demander pourquoi Dieu a laissé se développer l’idée du mal ?
— J’entrevois une réponse : l’obscurité est nécessaire pour rehausser la lumière ; ainsi, le mal est nécessaire pour rehausser le bien. Sans le mal, le bien n’existerait même pas ! Dieu a besoin du mal, il a besoin du principe négatif, et Satan est le vrai pourvoyeur du paradis… Oui, Dieu et le Diable sont complices pour l’éternité !
— Ha ! Burg, mon ami, vous devriez porter une soutane pour laisser au clergé le plaisir de vous excommunier ! (extrait)
La fin de ce premier chapitre s’enfile sur le second et révèle que ce pantacle a des vertus… le mot est mal choisi, des ignominies bien agréables à suivre.
À noter que la version Marabout est abrégée, le roman a été réédité augmenté en NEO huit ans plus tard, sous une diabolique couverture de Jean-Michel Nicollet.
