« Glozel », signé Croix-Rapeau, est paru dans Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire du 25 septembre 1927.

Illustration : Jean Bellus, « L’Ancêtre », in Candide du 17 mai 1944.

Glozel

Entre nous, je n’y connais rien.
Je suis comme d’aucuns profane
Solutréen, magdalénien.
Tout cela pour moi, quel arcane !

Et lorsque j’ai lu qu’à Glozel
On avait fait des découvertes,
Je n’ai pas dit : c’est, irréel.
Moi qui n’y connais rien, mais certes

Nous avons de beaux noms ronflants
Parmi nos gens d’Académie
Pour nous dire en termes patents :
Croyez-y ou n’y croyez mie !

Lors chez Fradin s’étant rendus
Deux de ces principaux augures,
Ces messieurs si fort entendus
Au secret des choses obscures.

Ont déclaré qu’il était clair
Que Glozel était authentique
Et qu’il fallait dur comme fer
Croire ce lieu préhistorique.

Mais au bout d’un an, patatras.
Un tiers savant non moins notoire
Dit : ces silex, ces os, ces plats,
Pour y croire il faut être poire.

On sait qu’en comité secret.
Tous trois se sont lavé la tête ;
Il me reste à moi ce regret :
C’est d’être pris pour une bête.

Qui faut-il que je croie enfin ?
Où est celui qui me renseigne ?
Chacun se croit le plus malin.
Ah ! que sais-je, pensait Montaigne !