« Extrait du journal d’Eve, chap. XI, page 115 », écrit et illustré par Gus Bofa, est paru dans Le Rire du 20 avril 1912.
Extrait du journal d’Eve, chap. XI, page 115
Ce que cet Adam peut être mufle !
Sa bêtise et sa pingrerie m’horripilent ! Si j’étais seulement mariée avec lui, je divorcerais !!
Chaque fois que je lui demande quelque chose pour ma toilette c’est la même chanson :
« Il faut être plus raisonnable… On a déjà bien du mal à se tirer du logement et de la nourriture, sans aller encore s’encombrer de frais de toilette inutiles !… Et pour épater qui, d’ailleurs ?… »
Un tas de bêtises, quoi !
Il n’a même pas voulu me donner un petit boa de rien du tout pour remplacer mon vieux serpent du Paradis, qui est tout usé !
Mais le comble, ç’a été hier : j’avais déniché une occasion extraordinaire, à profiter de suite, une peau énorme d’iguanodours, de quoi me faire un manteau du soir somptueux.
Naturellement, j’ai demandé à Adam de me l’offrir ; je n’ose pas écrire ici ce qu’il m’a répondu et la peau qu’il a osé m’offrir à la place de celle que je lui demandais !!
Et dire qu’il n’y a pas un autre homme au monde, avec qui je puisse tromper cet être-là !…