Le Rayon qui Tue n° 9, paru le 16 septembre 1924, dans Le Petit Inventeur, une revue Albin Michel.
C’est aussi le titre, allongé par « Et les radiations bienfaisantes », d’un article scientifique à l’intention des jeunes lecteurs. Henry De Graffigny (Raoul Marquis, 1863 – 1934) en est l’auteur, un savant vulgarisateur comme on les faisait à la fin du XIXe siècle, sachant presque tout sur tout, et s’il ne le savait pas, s’attelant à l’apprendre, et parfois à l’inventer. Henry de Graffigny a laissé de nombreux ouvrages de vulgarisation, le souvenir d’un homme pressé et casse-cou, et quelques romans d’anticipation comme Aventures extraordinaires d’un savant russe avec Georges Le Faure, La Ville aérienne, Voyage de cinq américains dans les planètes, Electropolis, etc. Après sa mort, il fut aussi Courtial des Perreires, le personnage comique à la fin tragique de Mort à Crédit, le roman de Céline qui avait travaillé avec lui dans les années 1910.
Dans cet article, c’est le vulgarisateur qui s’adresse à la jeunesse, avec schémas et illustrations, pour lui inculquer les rudiments de ces nouveaux rayons mortels. Il ne faut pas s’attendre à une démonstration agrémentée de dessins amusants, c’est une chose sérieuse que ces rayons de la mort, dont il est bien regrettable qu’on en néglige les vertus curatives. L’illustration de couverture ne s’embarrasse pas de tels scrupules, le rayon qui tue est représenté avec complaisance dans son action la plus meurtrière. Le dessin n’est pas signé, peut-être de Maurice Toussaint, artiste maison et infatigable pourvoyeur.
Extrait de la première page :
C’est l’illustre physicien anglais Crookes, qui a établi la première échelle mathématique des vibrations en prenant pour point de départ le pendule battant la seconde dans l’air et en doublant constamment le nombre des battements : 2, 4, 8, 16, 32, 64, etc., jusqu’à l’infini. On arrive ainsi à des chiffres effarants, tels que 3 quintillions 305 quatrillions, 763 trillions, 9 milliards, 213 million; 693 mille 952 vibrations, nombre qui s’écrit :
3 305 763 009 213 693 952.
Extrait de la seconde page (fin) :
Cependant on peut déplorer de voir ainsi les plus belles conquêtes de !a science humaine appliquées en tout premier lieu à l’art de détruire et de tuer. Il y a là quelque chose d’attristant et qui prouve que la civilisation dont nous nous enorgueillissons est encore bien rudimentaire puisque c’est toujours à la guerre que vont en premier lieu les inventions les plus remarquables.