Jacques Bergier – Nous irons sur la lune en 1955 (1946)

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« Nous irons sur la lune en 1955 », de Jacques Bergier, est paru dans Qui ?, le magazine de l’énigme et de l’aventure, du 30 mai 1946.

Nous irons sur la lune en 1955

Tel est l’avis de nombreux spécialistes en astronautique.

Cette science à fini par recevoir la consécration officielle : il y avait une section d’astronautique au Congrès de l’Aviation française qui vient de se dérouler à la Sorbonne.

Voici quelques-unes des raisons de leur espoir :

1° La fusée américaine Corporal parut est montée à plus de 80 kilomètres et est redescendue en parachute. Les V 2 sont probablement montées plus haut, mais aucune mesure précise n’a été faite. L’exploration de la très haute atmosphère (jusqu’à 200 kilomètres de haut) par les Corporal partant du terrain spécial de White Sands aux États-Unis, permettra de réunir des données indispensables pour le calcul des fusées interplanétaires.

2° Les plans de la fusée allemande à deux étages qui devait bombarder New-York sont entièrement connus. A une réunion récente de la Royal Aeronautical Society à Londres, des détails précis ont été donnés. Cette fusée, mise au point par von Braun, se composait d’une V 2 ailée, emportée par une super-fusée de 85 tonnes, laquelle devait donner une vitesse de cinq mille kilomètres à l’heure. Cette dernière fusée tombait alors et la V 2 proprement dite démarrait, atteignait quinze mille kilomètres à l’heure et descendait sur New-York quarante-cinq minutes après son départ. Le même dispositif, utilisant l’hydrogène liquide, permettrait de déposer une charge utile de 1 tonne sur la surface de la Lune.

3° L’utilisation de l’énergie nucléaire permettra de réduire la charge de la deuxième fusée jusqu’à rendre praticable l’alunissage et le retour sur la Terre. D’autre part, les voyageurs pourront communiquer avec la Terre sur les ondes ultra-courtes, comme l’ont prouvé les récentes expériences de réflexion par radar sur la Lune.

Le dernier problème qui reste à résoudre est celui du transport d’êtres vivants, et plus spécialement des hommes. Il faudra pouvoir échapper à l’attraction terrestre sans payer cet arrachement par des accélérations préjudiciables au fonctionnement de la vie ; s’assurer que ce fonctionnement n’est pas gravement troublé par l’existence dans un milieu sans pesanteur (à moins de reconstituer artificiellement celle-ci à l’intérieur de la fusée) ; et être en mesure de construire des engins parfaitement étanches.

Tout cela semble avoir quitté le domaine de l’hypothèse scientifique pour entrer dans celui de la technique.

Dès maintenant, ce qui, naguère encore, devait être considéré comme une fantaisie de l’imagination entre dans le domaine des exploits réalisables.

Certes, bien des questions de détail restent encore à résoudre, bien des points de technique restent à déterminer mais la science a surmonté de pires difficultés.

Nous verrons certainement cette nouvelle étape de l’évolution de l’humanité, sinon la suivante ; l’exploration des planètes.

Et si notre civilisation ne se détruit pas dans une guerre atomique, nous entrerons dans l’ère inter-planétaire avant la fin de ce siècle.

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