Jacques Fuentealba, Invocations et autres élucubrations, livre électronique illustré par Thomas Balard (2015)

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Traducteur, anthologiste, romancier (Jason et RoburLe Cortège des fous), Jacques Fuentealba aime aussi pratiquer la nouvelle (La Boîte de Schrödinger), en particulier sous la forme ultra-courte (Les Aventures du Cavalier sans tête, avec Olivier Gechter). Il se place délibérément dans la lignée des nouvelles en trois lignes de Fénéon ou des microfictions avec Invocations et autres élucubrations, réédition réordonnée et enrichie du volume paru en 2008 chez Efímeras.

Justifiant son titre, le recueil s’ouvre sur les mésaventures de ceux qui invoquent les démons. Ces exercices périlleux sont prétextes à déboires de toutes sortes, sur le thème de l’invocation malheureuse déjà illustré par la fameuse nouvelle de Fredric Brown « Cela va de soi ».

Les démons laissent ensuite la place aux apparitions, aux paradoxes temporels, et à diverses autres créatures telles que vampires, golem, gargouilles du Sacré-Cœur… Tous ces thèmes fantastiques sont autant de prétexte à l’humour noir, que ce soit au moyen d’une ironie macabre, de jeux de mots, métaphores, comique de situation, logique de l’absurde, détails horrifiques, ou simplement vision fantastique du quotidien.

« Un hommage au dieu noir » décrit ainsi le culte à une divinité qui n’a rien à voir avec ceux de C. L. Moore ou Greg Keyes. « L’esprit tueur » met en garde contre les dangers du voyage astral. Et les phrases sur des anaphores de « Tu es la raison » servent d’amorces à des situations horribles. Mais l’humour, même cruel, a toujours le dernier mot. C’est une façon ludique et cathartique de considérer les peurs irrationnelles. C’est aussi une autre manière de voir les stéréotypes du merveilleux ou de l’horreur :

« À la différence du chant du cygne, le chant du phénix a un côté un peu répétitif. »

On retrouve ce goût de l’auteur pour les nouvelles ultra-courtes en une phrase ou en un seul paragraphe, dans le recueil Scribuscules (2011 ; version numérique, 2013). Cette fois, les nouvelles sont réunies autour de figures de l’imaginaire : le serpent Ouroboros, symbole de l’infini, les vampires, le joueur de flûte de Hamelin, le golem de Prague… En diverses variations humoristiques sur les éléments triviaux de leur condition, ou à partir de jeux de mots sur leurs attributs attitrés.

Des lectures tout à fait recommandables pour les amateurs d’humour et de fantastique. Les illustrations inspirées et pertinentes de Thomas Balard pour Invocations ne gâchent rien et complètent avec bonheur ce recueil.

Jacques Fuentealba, Scribuscules, La Clef d’argent, 2011. Illustration de Thomas Balard.

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