Le Journal de la jeunesse, 1886 – Hachette

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Gravure dont les signatures en bas sont rognées par une ligne blanche de recadrage. La grand-mère à droite ne rappelle-t-elle pas le portrait par J. A. Whistler de sa mère, exécuté en 1871 ?

C’est à nouveau le hasard, ou devrais-je dire la chance, et surtout un ami vendeur de livres anciens, qui m’ont permis d’acquérir l’année 1886 du Journal de la jeunesse, cette publication dédiée à l’instruction et à l’édification des grands enfants et des jeunes adolescents des milieux favorisés.

Huit ans ont passé, et si le Journal garde la même apparence, il montre des signes de modernité qui ne trompent pas. Bien sûr, les récits vertueux ont toujours leur place au milieu des textes documentaires.

Mais le style de plusieurs gravures a changé. regardons d’abord cette gravure non signée, et l’image un peu sulpicienne d’Édouard Zier, gravée par Henri Théophile Hildibrand, qui illustre un conte de Noël, « Le Manteau déchiré ». L’art reste avant tout graphique, tout en hachures pour les ombres et en taches pour la neige, autour d’une composition simple et d’autant plus frappante.

Par contraste, plusieurs autres gravures montrent un travail très différent, avec un travail minutieux sur la lumière et le rendu des détails. L’art est pictural, et même photographique. L’influence de la photographie devient évidente lorsque le Journal de la jeunesse se met à reproduire des photographies, à l’occasion d’articles sur la photographie ou sur la poste, dans le deuxième semestre de 1886, alors qu’il n’y en avait aucune dans le premier. Le contraste de la nouveauté est saisissant au milieu des gravures. La rivalité avec la peinture est tout aussi évidente dans les scènes de genre qui rappellent des tableaux flamands, ou des portraits bourgeois. Mais, signe qui ne trompe pas, la signature disparaît des gravures qui s’inspirent le plus de la photographie, quand elles ne les reproduisent pas purement et simplement.

En réaction, le graveur Hildibrand met parfois en valeur des illustrateurs et graveurs peu versés dans la reproduction photographique comme Ivan Pranishnikoff ou Tofant en entourant leurs illustrations d’un cadre décoratif, quand il ne cisèle pas l’image, faisant assaut de trames et de tissages pour remettre en valeur l’art de la gravure classique.
Il est possible de feuilleter les deux volumes en ligne, sur le site Gallica : le premier semestre et le second semestre.

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