Les récits conjecturaux d’Albert Bailly, romancier belge – Notule

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Albert Bailly : Les vieux de la Terre & L’Éther-Alpha.

Courte bibliographie commentée d’Albert Bailly

 

Loin des villes, 1913.

Albert Bailly (1886, Bruxelles – 1978) était un journaliste et dramaturge, conteur et romancier. Sa bibliographie ne laisse apparaître que quelques œuvres en volumes, parus entre 1910 et 1938. Un dernier, plus tardif, fut publié en 1955, qui serait une séquelle de L’Éther-Alpha, paru en 1929 (à confirmer).

Bibliographie superficielle (les titres sont répertoriés depuis la BNF).

Contes, 1910
Les Gaulois courageux, César en Belgique, 1910
La Guerre (théâtre), 1912 – 1830 (Préface de Georges Rency), 1913
Loin des villes, 1913
– On n’oublie pas… (théâtre) 1914
Le 15-2 pendant la Grande Guerre : de l’Alsace aux Flandres, 1914-1918, 1919
Au service de la France. Roman historique, dédié à la mémoire des soldats belges morts, 1921
La Femme libre, 1922
Les Vieux de la terre, 1928
Ether-Alpha, 1929
Un Héros français de l’indépendance belge Jenneval, 1930
L’Amour et le feu, 1938
Pardonnons à Dieu, 1955

Les Gaulois courageux, César en Belgique, une réédition Illustrée par J. Maummens, 1910.

Albert Bailly a également traduit des textes de l’anglais et du néerlandais, en collaboration pour cette langue. De nationalité belge, Wallon, son sentiment nationaliste n’est pas borné aux frontières, il écrit une élégie à une martyre résistante belge de la Grande Guerre (Gabrielle Petit) mais s’approprie également les Gaulois. À la lecture de ses romans d’anticipation, il semble adhérer aux opinions progressistes, en plus de souscrire aux extrapolations scientifiques.

Albert Bailly a écrit trois romans d’anticipation pendant sa carrière. Son nom est d’ailleurs demeuré célèbre grâce à l’un d’eux : L’Éther-Alpha. Lauréat du Prix Jules Verne en 1929, le roman sera réédité dans les années 1950 par Hachette dans la collection Bibliothèque de la Jeunesse.

Il est inutile de s’attarder sur ce titre dans les Nids à poussières, non qu’il manque d’intérêt, bien au contraire ! Ce serait simplement répéter, sans profondeur, l’excellent article disponible sur le blog de Jean-Luc Boutel, Sur l’autre face du monde : L’Éther-Alpha.

 

 

Le second roman paraît en 1928 chez Plon. Méconnu, il est à tort remisé aux genres mœurs ou historiques. Il s’agit pourtant d’un authentique récit d’aventures dont les ressorts s’appuient sur le merveilleux scientifique, ces fabuleuses inventions qui enflamment l’imagination.

Les vieux de la Terre, Librairie Plon ; Collection La Liseuse (Collection de romans pouvant être mis entre toutes les mains), 1928 ; couverture de Jacqueline Duché (1892 – 1973).

Un jeune breton, travaillant pour le compte de la Compagnie française des Comptoirs d’Extrême-Orient, se retrouve en Chine. Plus exactement, il est envoyé à Lan-Tchéou, dans la Province de Kansou en Chine orientale, autrement dit à l’autre bout du monde de sa Bretagne natale. Sur place, il rencontre un gouverneur indigène, fortement américanisé, façon Hollywood pour le mobilier, et grand admirateur de Ford. Son bras droit est par contre un Chinois traditionaliste et sensible à la culture française.

Ambitieux, Albert Bailly entreprend une réflexion sur le choc de trois sociétés : l’Asiate très ancienne (les  vieux de la Terre du titre sont les Chinois), la vieille Europe et la toute jeune Amérique (qui n’endosse pas le beau rôle !), un scénario qui ne manque pas d’intérêt. L’élément conjectural vient se greffer sur les péripéties grâce à l’engin que fabrique le gouverneur et savant chinois, idéologiquement proche de la culture américaine, et bien sûr complètement fanatisé par sa future domination du monde. Cet engin terrifiant envoie des « ondes mortelles ». Heureusement, peu après sa mise en service, la machine infernale sera rapidement anéantie grâce au jeune Breton, principalement.

Le dernier titre d’anticipation écrit par Albert Bailly est publié bien des années plus tard, dans une édition spécialisée chez Métal, en 1955. Avec Pardonnons à Dieu, roman du futur, le romancier s’essaie à une science-fiction plus moderne, influencée par la lecture des déjà classiques américains, probablement a-t-il lu Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley. Il y est question de l’avenir alimentaire, compromis par la démographie galopante, seule la nourriture synthétique sauvera le genre humain. Ce dernier récit n’eut aucun succès, il demeure cependant un essai transformé d’un auteur décidé à vivre son temps au futur en littérature.

Extrait :

« Inodores, incolores et insipides. Centrifugés, stérilisés et condensés…
– Et même prédigérés !
– Voilà ! Nous leur devons d’être encore en vie. C’est quelque chose, à défaut de saveur. Le beurre de pétrole accompagne bien le pâté de sciure de bois. Les algues et les levures suractivées par les ondes donnent des graisses, des sucres, des protéines…
– Et des coliques.
– Tu es incorrigible ! Admire plutôt : grâce à la synthèse chlorophylienne, nous fabriquons des aliments à partir de produits minéraux…
– Le festin de pierre. Le commandeur sera content : il trouvera même du poulet de porphyre. »

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