L’Intrépide n° 493, 1er Février 1920 – première série, Offenstadt

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Sur la route d’Okhotzk par Pierre Agay (José Moselli), illustration par P. Roig.

En couverture : Sur la route d’Okhotzk par Pierre Agay (José Moselli), illustration par P. Roig.

Dans les pays des grands froids, les Ophiophobes seront soulagés de se faire dévorer par des meutes de loups en attendant l’attelage des secours.

Sommaire :

  • Texte sous images : Hans Allew le pirate anonyme – Le dragon d’émeraude par Jacques Mahan (José Moselli), illustré par Janko
  • Humour : Cocanpate par Tybalt
  • Nouvelles : Sur la route d’Okhotzk de Jacques Mahan, illustration de P. Roig – Sur les rives de l’Ogooué par P.A. (Pierre Agay ou Pierre Adam) – L’idole aux yeux verts par anonyme, illustration anonyme
  • Romans : L’usine infernale de Pierre Adam, illustration de Louis Maitrejean – Les mystères de la mer de corail de José Moselli, illustration de René Gary.
Cocanpate par Tybalt.

Une nouvelle bande humoristique avec le cuisinier Cocanpate, hélas naufragé du « Pasdechance » sur les côtes africaines et capturé, bien entendu, pas des cannibales. C’est en administrant un cours de cuisine à son collègue que Cocanpate sauve sa vie. Si le colonialisme n’est pas niable, encore moins le racisme primaire de l’époque, le tout reste gentillet. Cocanpate profite de la naïveté de son confrère en cuisine sans lui en vouloir si ce n’est de la recette qu’il voulait employer.

Une nouvelle non signée plaira particulièrement aux amateurs de la cruauté chinoise, une vogue qui n’a jamais vraiment perdu son public aisément séduit par les charmes asiates.

L’Idole aux yeux verts n’est qu’une péripétie dans la vie d’un jeune patriote français séparé des siens. Seul contre une horde, malgré sa détermination et son revolver, il se retrouve aux mains d’une confrérie mystérieuse et cruelle. Pendant que dehors, les combats font rage avec les Occidentaux, sept étranges « pénitents verts » et leurs sbires prennent le temps de concocter une petite cérémonie particulière dans leur temple au cœur des « entrailles de la Terre » afin de s’exercer dans les règles de l’art du supplice sur le brave jeune homme. L’engin diabolique, quoiqu’il s’agisse d’un bouddha, impressionnera les plus endurcis d’entre vous.

L’idole aux yeux verts (anonyme)

Extrait :

[Les Chinois] vinrent le déposer sur la table de marbre, aux pieds du dieu. Puis, au moyen de cordes de soie, ils fixèrent solidement les chevilles et les bras du jeune homme en passant les cordes dans les anneaux d’or aux quatre coins de l’autel.

Quand ils eurent terminé cette besogne, le président de cette triste assemblée frappa dans ses mains. Aussitôt, la brillante lumière inondant la salle souterraine s’éteignit, ne laissant plus que les deux sinistres rayons échappés des prunelles de l’idole pour éclairer la scène. Telles des ombres, les sept silhouettes vertes s’évanouirent une à une derrière le monstrueux Bouddha et Jacques de Ronsay resta seul.

Seul avec ses pensées, seul avec son angoisse ! Il était brave cependant et l’avait prouvé. Mais, qu’est la mort en plein air, dans l’exaltation de la bataille, à côté de la lente agonie qui sans doute lui était réservée dans cet antre obscur ?

Les Chinois ont l’imagination fertile en fait de supplices, il le savait, aucun peuple jamais ne les égala en cruauté sur ce point. Et l’incertitude même du sort qui lui était réservé n’en était-elle pas déjà un ?

Il serra les dents. Du moins, ses bourreaux ne tireraient pas de lui la moindre plainte, le moindre cri d’agonie.

Il fixa sur le mur d’en face les deux rayons qui venaient de l’idole et s’étonna soudain : ils lui semblaient s’être abaissés vers le plancher depuis tout à l’heure.

Il tourna alors ses regards du côté de l’idole et une exclamation stupéfaite faillit lui échapper.

La tête du dieu s’inclinait lentement vers lui et il pouvait calculer l’instant où les deux rayons verts convergeraient sur sa poitrine. Et le rictus féroce semblait se rire de son impuissance et s’en réjouir.

Complètement fasciné maintenant, Jacques ne quittait plus des yeux la statue.

Peu à peu, le corps de cette dernière s’enfonçait dans le sol et la tête se rapprochait du jeune homme qui tressaillit.

Cette fois, il devinait et voyait le genre de supplice qui lui était destiné.

La bouche ouverte du dieu, toujours emplie d’une lueur rougeoyante, était munie d’une double rangée de dents acérées et chacune de ces dents était une pointe de fer rougie au feu ! D’ici quelques minutes, mue par un mécanisme implacable, cette formidable mâchoire happerait le corps du jeune homme, se refermerait sur lui et le broierait petit à petit.

Déjà l’infernal rictus n’était plus qu’à vingt centimètres de lui ; dans cinq minutes, au plus tard, l’horrible tourment commencerait.

Jacques de Ronsay ferma les yeux.

Mais, était-ce son imagination enfiévrée qui l’abusait ? Il lui semblait entendre, dans l’épaisseur du mur, en face de lui, des coups sourds et lointains.

Puis, ainsi qu’en un rêve, il distingua un tapage épouvantable, des coups de feu, et soudain une troupe de marins se rua dans le temple. Jacques s’était évanoui.

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