Morts et merveilles du monde : L’Intrépide
L’exploration fascinante des terres inconnues en compagnie d’un guide usuel du préjugé.
L’Intrépide est une revue des Offenstadt, venue un peu après L’Épatant qui triomphait dans les kiosques grâce aux fameux Pieds Nickelés.
Plus mesurée que L’Épatant, cette revue va être le berceau de deux auteurs prolifiques, José Moselli et Jo Valle, le second n’ayant quasiment jamais publié en volume. On y trouvera d’autres grands auteurs d’aventures, Pierre Adam, Albert Bonneau, par exemple, mais aussi des traductions de récits anglais parus chez un alter ego d’Outre-Manche, le magazine Chums, actif dès la fin du 19e. Très illustré, L’Intrépide propose de nombreuses « presque-BD », avec des récits en texte sous images et des dessins humoristiques de Forton, Thomen, Tybalt, sans oublier d’autres, moins connus, comme E. Nicolson ou Marcel Arnac, les artistes maison. Pas toujours très fin, le ton reste bon enfant, même si le colonialisme ambiant en est la principale source. Tout ceci sous une belle couverture en couleurs, signée par Lubin de Beauvais, André Galland, Léon Roze, Carsten Raven, etc.
Si L’Intrépide fournit en grande partie de l’aventure dramatique aux quatre coins du globe, il va aussi explorer les territoires étranges de la science et de ses technologies fantasmées. José Moselli et Pierre Adam en seront les principaux chantres. Le premier minant littéralement les éditions Offenstadt sous plusieurs pseudonymes : Pierre Agay, Jacques ou Jack Mahan. Les initiales P.A. peuvent être imputées soit à cet auteur soit à Pierre Adam. (J.M. étant crédité pour des textes de Mahan, il est bien probable que P. A. soit Pierre Agay, mais le doute demeure).
Un peu plus tard, les Offenstadt lanceront une collection de reprises, la fameuse Collection d’Aventures, elle publiera certains récits de L’Intrépide en un ou plusieurs volumes. La Collection d’Aventures fait suite à une autre, plus copieuse en pages, qui édita quelques romans dès 1914. La date de création n’était pas la plus opportune, les Offenstadt étaient alors en butte à l’ire de l’abbé Béthleem, antisémite, anti-allemand et anti-gaudriole, qui profitait de leur patronyme pour les désigner, d’un doigt haineux et vengeur, à la vindicte catholique. Dommage pour les récits de Jo Valle, ses œuvres paraissaient alors en volumes dans cette collection marquée d’un nom prédestiné, Chrysanthème…
L’Intrépide, revue pour la jeunesse, connut plusieurs séries de 1910 à 1962 :
- Série 1 : 1910-1937, n° 1 à 1400 – Éditions Offenstadt puis S.P.E. (Société Parisienne d’Édition)
- Série 2 : 1948-1949, n° 1 à 47 – Éditions Mondiales (parution après l’arrêt de L’Astucieux (1947-1948))
- Série 3 : 1949-1959, n° 1 à 500 – Éditions Nous Deux
- Série 4 : 1959-1961, n° 501 à 588 – renommé « L’Intrépide Hurrah ! » Éditions Mondiales (fusion avec Hurrah !)
- Série 5 : 1961-1962, n° 589 à 629 – Éditions Mondiales
L’Amicale des Amateurs de Nids à Poussière publie des descriptifs illustrés des numéros de L’Intrépide qui passent entre ses mains. Pour en connaître davantage sur L’Intrépide, je vous encourage à lire le numéro double 34/35 du Rocambole. La revue consacre un dossier épais et consistant sous la plume de Jean-Louis Touchant : Histoire de L’Intrépide, 352 pages — printemps-été 2006.