Maurice Limat : le détective Teddy Verano, L’étrange supplice
Éditions Ferenczi, collection Police et Mystère Nouvelle Série n° 63, 1953.
Couverture illustrée par René Péron.
Maurice Limat : il est impossible pour l’amateur de romans populaires d’ignorer ce nom tant ce polygraphe prolifique a publié de textes durant plus d’un demi-siècle. Né en 1914, Maurice Limat a publié son premier récit d’aventures dès 1935, entamant une longue carrière dans le domaine qui ne s’achèvera qu’en 1987.
Les comptes ne sont pas fermés, mais on estime déjà à plus de cinq cents les histoires publiées chez divers éditeurs, la part belle s’étant partagée entre Ferenczi et le Fleuve Noir. C’est dans cette dernière édition qu’il conserve la plus grande notoriété, avec des romans fantastiques, dans la collection Angoisse, qu’il dota de deux héroïnes sulfureuses, Luciféra et Méphista, et surtout avec des textes de science-fiction, dans la collection Anticipation. Un de ses héros, le chevalier de la Terre Coqdor, enflamma les veillées des lecteurs adolescents, fous d’aventures à dos de fusée, depuis les années 1960 jusqu’en 1987. Maurice Limat créa bien d’autres héros récurrents, parfois fugaces, comme Armand de Lativel ou André Rival, ou plus fréquents, comme l’Inspecteur Farnèse, mais l’un d’eux ne l’a jamais tout à fait abandonné puisque l’on retrouvera sa dégaine de privé à l’américaine au Fleuve Noir Angoisse, c’est Teddy Verano. Il apparaît au début des années 1950 dans la collection Mon Roman Policier, chez Ferenczi, enquêteur flegmatique et sportif, doté d’un solide sang-froid devant les énigmes les plus étranges, et heureusement. Vampires, phénomènes rares, horreur sanglante, il ne travaille pas souvent dans les conditions normales attendues par un détective pour affaires de mœurs. Ou plutôt, les mystères qu’il résout dénotent de pratiques humaines très extraordinaires.
L’attachement de Maurice Limat pour ce personnage sympathique, ému par la détresse des victimes mais aussi des criminels, transparaît dans le soin qu’il apporta généralement à ses aventures. L’étrange supplice est une nouvelle représentative du plaisir que prit son auteur à décrire lieux et acteurs, en ménageant une progression de plus en plus haletante vers un final que l’on pourrait qualifier d’hystérique, dans la plus pure tradition du giallo popularisé par les Italiens au cinéma.
Reprise légèrement revue de la préface précédant L’étrange supplice, texte en numérique, epub disponible en téléchargement gratuit sur le site des Moutons électriques, écrit en 2014 pour Détectives Rétro, une anthologie d’enquêtes excentriques dont on peut lire une chronique critique ici : par Samuel Minne.