Un carabin s’amuse À la Tournelle, vers licencieux du Libertin de Delft

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Le Libertin du Delft (1947) Poèmes de H.-M. Van der Spleen (1828-1858)

Repris et présentés par A. B., bois gravés de N. P., Paris À la Tournelle, en vente chez Le François, 91, boulevard Saint-Germain. Achevé d’imprimer le 10 avril 1947, Àsur les presses de l’Imprimerie Marchand à Paris. Il a été fait de cet ouvrage un tirage unique à 500 exemplaires sur papier du Marais, numérotés de 1 à 500. (Pour celui étudié, le n°342).

Réédition d’un volume paru en 1930, dix-sept ans plus tôt, ce livret de petit format dissimule, sous une couverture beige sans attrait, cent pages illustrées d’un texte en vers consacré aux manifestations de la… petite vérole.
Pas plus qu’à la première parution, l’identité réelle des auteurs de cet opuscule satirique et licencieux n’est révélée. Oh bien sûr, la longue préface présente avec astuce un versificateur présumé — au nom évocateur et moqueur : Spleen — et une histoire à dormir debout, déjà faite pour exciter l’imagination et mettre en bouche le récit recueilli à la source du mal en des temps historiques, le justifiant d’arguties médicales et de prévention sanitaire avec une hypocrisie parfaitement assumée.

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PRÉFACE

Vivant à l’ombre d’une rosière orageuse, je n’osai pas même indiquer ma qualité d’éditeur quand pour la première fois, en octobre 1930, je publiai la présente version du Libertin de Delft, ouvrage par moi revu, mais dû sous sa forme originale (versifiée dans les mêmes mètres, beaucoup plus longue, et sans titre) à la plume d’un avarié flamand quelque peu prolixe et grossier : ouvrier imparfait du vers, poète exceptionnel. Aujourd’hui je peux avouer mon crime. Mais, d’abord, je répéterai le peu que je sais de l’étrange débauché qui, au milieu du Second Empire, remit à mon aïeul E. B. le manuscrit primitif.
Herbert-Maurice Van der Spleen, sous ce nom ou un autre, vit le jour, selon ce que mon grand-père avait retenu de ses affirmations, dans le canton de Dunkerque en 1828. Fils d’une dame galante et de son protecteur stipendié, il vagabonda de même sorte sans que les contributions de ses amantes parvinssent à le tirer de la misère. Bien plus, c’est de la dernière d’entre elles, Beppy Van Grochtenberg, qu’il emprunta l’effroyable mal qui fait le sujet de son grand ouvrage. Il ne devait pas avoir atteint trente ans quand il mourut, déjà en complet état de pourriture, et d’ailleurs fou furieux, dans la ville de Delft, en Hollande.
Par quel hasard le père de mon père, alors contrôleur des Douanes dans nos Flandres, rencontra-t-il, au cours d’un voyage à La Haye, l’obscur Van der Spleen ? Une lettre du vénérable aïeul, datée du 15 décembre 1857, fait foi de la rencontre : « Dans un petit cabaret de Delft, écrit-il, où j’étais entré, sur l’appel d’une fille blonde, pour goûter quelque délassement amoureux, je me trouvai soudain face à face avec l’homme le plus éprouvé qu’on puisse voir. Il était si vérolé qu’il en semblait presque lépreux, la plus grande partie de son nez et de ses yeux ayant été dévorée par le mal. Ému de pitié, j’adressai quelques mots au misérable qui me répondit en français sur un ton sarcastique, puis prodigieusement ému. Dans un coin sombre de la salle, je reçus ses confidences. Il m’avoua finalement qu’il avait été proscrit de France après certains délits, et que présentement, pour adoucir les peines de l’exil, il consacrait à faire des vers tous les loisirs que lui laissait la vérole. De fil en aiguille, il en vint à me soumettre un manuscrit de ses poésies. Il me les fit accepter de force, disant qu’il était sur le point de se pendre, et n’avait aucune chance de trouver d’ici-là un éditeur. Bref il prétendait me confier le soin de sa gloire posthume. Je mis donc son livre dans ma poche, et nous nous serions quittés les meilleurs amis du monde si mon homme, au moment de me dire adieu, ne s’était précipité sur moi comme pour m’embrasser. J’avais réussi à me délivrer à temps de l’horrible étreinte, quand la cabaretière me déclara que ce pauvre diable avait ainsi la manie de mordre les lèvres de tout le monde pour se décharger de sa maladie…»
Mon grand-père ajoute qu’il se trouva touché, en feuilletant le palimpseste, de tant de talent et d’infortune. Toutefois, j’ai honte de le dire, E. B. qui avait, sur la rime de la masculine avec la féminine et le mariage du vers de sept pieds et demi avec celui de neuf, les préjugés de son temps, se contenta de ranger cela dans ses tiroirs. Il fallut sa mort pour que la liasse effrangée, mêlée à ses propres ouvrages, revînt à mon père, dans la bibliothèque de qui je l’ai découverte en 1923 avec moins d’admiration que de frayeur. Je montrai plus tard cette vérolopopée à mon ami Lassalle qui cria au génie et déclara que, si l’on ne pouvait songer à éditer une œuvre aussi longue, aussi diffuse, aussi relâchée, ce serait rendre service à la science, sinon aux lettres, que d’en mettre à la portée des lecteurs médecins les passages les plus remarquables. Enfin il me demanda si j’étais prêt à entreprendre cette adaptation, moyennant une rétribution qui, modeste, m’aiderait néanmoins à offrir une fourrure à ma vertueuse épouse.
Je n’avais rien à refuser ni à Lassalle ni à ma femme. Je me mis donc en devoir d’extraire des quatre cents pages environ que renfermait le manuscrit, imparfaitement lisible, de Van der Spleen les passages qui, avec le moins de ratures et de gravelures, me paraissaient recéler le plus de poésie et de sens. Je corrigeai certains morceaux, j’en reversifiai d’autres entièrement : veillant toutefois, en rendant le texte digeste, à ce qu’il restât ce qu’il était essentiellement à mes yeux : le plus éclatant témoignage des déformations que peut apporter dans l’esprit d’un artiste, fût-il amateur, le mal de Naples.
Il est sans exemple, en effet, qu’un poète atteint de ce mal ait pensé à coucher par écrit ses suprêmes réflexions, ses volontés dernières et ses entretiens avec son curé et son tabellion, qu’il ait décrit ses maux, peint ses humeurs, donné un document si véritable des états mentaux d’un malade de son espèce : j’en veux pour témoin certain article qu’un médecin des plus éminents, le Docteur J. S. d’Astaffort, sous la signature de « l’Homme aux Bésicles », fit paraître sur le livre de Van der Spleen dans le Concours Médical du 7 décembre 1930 : « Si je me plais, dit le savant critique dans un style dont il est seul responsable, à vous signaler cette mise aux presses, c’est parce qu’elle me semble très démonstrative, outre de l’originalité de la confession inédite, du double effet du tréponème sur les centres psychiques de la création artistique : de cette alternance inexplicable chez les artistes « ?-nerveux » de trivialité rude et d’élans déconcertants ». Et de dénoncer, avec un sens clinique vraiment aigu, dans le livre de Van der Spleen, « cet érotisme pathologique cru et exacerbé, cette sarabande infernale de l’intelligence qui sombre et qui se raccroche (comme l’existence organique dans le domaine physique au signe terrible de la carphologie sexuelle), aux sources les plus désordonnées, les plus impétueuses, les moins pures de l’instinct fondamental de survie ».
Le Docteur J. S. met ici le doigt, évidemment, sur le nœud de l’intérêt. Mais combien plus volontiers je citerais, s’il vivait encore pour m’y autoriser, la lettre de cet illustre philosophe académicien, selon qui le Libertin de Delft constituait « la plus haute leçon de morale qu’ait reçue, depuis la pollution lamatique, l’humanité trébuchante et souffrante », ou la communication de ce directeur du Comité d’Hygiène qui souhaitait que « l’intégralité du texte de Van der Spleen fût placardée à l’intérieur de tous les édicules », laissant entendre que les clients habituels des courtisanes y trouveraient un avertissement à la fois plus attrayant et plus solennel que dans les affiches multicolores où triomphe la réclame prophylactique.
Je fus, comme on le pense, le premier à tirer profit de ce redoutable enseignement, et le fait est que je n’ai jamais, depuis lors, touché la main d’une femme sans grelotter de terreur à l’idée que je pourrais devenir un jour l’égal de Van der Spleen. Que la guerre ne m’a-t-elle épargné autant que la débauche ! Je commis la folie sur la fin de 1939, en même temps que je dispersais aux quatre coins de la France mes propres cahiers, d’envoyer ceux du grand Flamand à Dunkerque, sa ville natale, où ils devaient suivre dans les flammes le sort de tant d’autres trésors. Ainsi a disparu, avec la seule preuve matérielle de l’existence de Van der Spleen, la somme de son œuvre authentique ; et ma modeste adaptation de 1930 en reste le seul débris. Que de fois ai-je regretté de ne pas l’avoir faite plus complète, plus fidèle, plus respectueuse ! Quels signes plus émouvants de l’affreuse tare eussent été, outre le désordre des idées et la crudité des termes, ces mètres boiteux, ces césures forcées, ces cacophoniques assonances ! Du moins excusera-t-on, j’espère, les disparates qu’offre ici et là cette collaboration d’un libertin téméraire et d’un innocent phobique ; non plus ne m’imputera-t-on telle scorie gardée de Van der Spleen, ne lui imputera-t-on telle cheville échappée à ma muse trop prompte. Sur « ce fou sublime dont le rire fait mal » – pour citer encore une fois le Docteur J. S. — j’appelle, en terminant, non l’indulgence d’un public trop facilement porté sur les œuvres cyniques, mais la curiosité sévère du monde savant.

A. B.

♦◊♦

 

La « vérolopopée » introduite aussi savamment se partage en deux grandes parties rythmées par un prologue, un interlude et un épilogue. Deux thèmes consacrés le premier au dialogue avec le curé, le second au notaire, et l’occasion de leur dire, tout en leur commandant leur service, tout le mal que l’auteur pense de la société.

Comme le lecteur pouvait s’y attendre, la morbidité règne en maîtresse funèbre, le temps et l’ennemi, la maladie annonciatrice de la pourriture, les grands ennemis la religion et l’argent, l’amour ne fait pas le poids, triste humanité. Si le vice boursoufle et réduit à un pâte infâme la chair, la vertu ne rendra pas les honneurs aux morts respectables. Le flamand vérolé enjoint le prêtre à célébrer une messe à sa dépouille pour une rétribution grasse, une célébration grotesque où nu, il devra réciter :

De la luxure et de l’orgueil
Il fit ses plaisirs ordinaires
Et jamais on n’a vu son œil
Se mouiller devant vos misères,
.                               Mes très-chers-frères !

Mais vous qui singeant la douleur
Venez voir son corps sans valeur
Rendre les honneurs funéraires,
                              Mes très-chers-frères !

Ne pensez pas, quand vous mourrez,
Que sur vos restes enterrés,
On verse des pleurs plus sincères,
                              Mes très-chers-frères !

L’armée n’est pas oubliée : « Heureux est le porc – De l’instant qu’il plaît à la truie » est la devise que doit porter le képi d’un cochon vêtu d’un uniforme militaire. Pas plus que la famille et le reste de la société institutionnelle. Le notaire, déchéance morale absolue, est présenté comme un amateur de jeunes garçons, si peu humain qu’il en devient bestial, et tout comme le prêtre avant lui, prêt à toutes les bassesses si on en donne le prix.

Tu me connais ; je suis Maître Bécu
Qui sais fort bien, par douceur ou par force,
De tout mari qui cherche le divorce
Pour cent florins faire un prouvé cocu.

Le malade n’a pas de vertu et ne soupire dans ses vices que pour la mort trop proche, anticipée par l’ignominieuse corruption du corps. Il regrette le temps passé, prévient l’écolier d’en profiter, s’inquiète à nouveau de ce qui lui a échappé, flâne sur ses propres rivages, des bords de mer du Nord aux grandes cités flamandes. Il persiste à vivre pour transmettre son mal à qui pourrait savourer ce qu’il n’a plus qu’en souvenirs. Le temps demeure son bourreau, c’est lui qui l’achève enfin, dans une dernière torture.

L’heure précise en est fixée,
Au premier coup du second quart.
Un colossal bourreau s’avance
Pour me lier agonisant
Au centre d’une horloge immense
Qui dit minuit cinq à présent,
Et j’épuise toutes mes forces.
À lutter contre ce titan
Qui fixe mes deux jambes torses
Aux deux aiguilles du cadran.
Le pesant balancier oscille :
Mes jambes, en se conformant
Au mouvement de chaque aiguille,
S’écartent insensiblement :
Sous la blessure des lanières,
Je peux d’avance calculer
Dans mes convulsions dernières
L’instant qui va m’écarteler.

FIN

Sans aucun des documents cités ni l’occasion et les moyens d’aller vérifier les informations géographiques, il n’est possible d’infirmer ou confirmer les assertions prétentieuses, et un peu ostentatoires, de ce fameux éditeur A. B. sans aucun doute au fait des organismes de la faculté des organes : Le Concours Médical est bien le bulletin depuis 1879 d’un syndicat des médecins, un syndicat assez peu altruiste puisqu’il fut opposé au régime social, et moins sympathique, favorable aux théories eugénistes et à la discrimination raciale avant d’adhérer en majorité aux mesures éliminatoires du régime de Vichy. Aucune trace cependant, des rodomontades spécialisées de dignes professeurs en faveur de l’affichage du Libertin de Delft dans les parloirs des maisons closes… La préface confirme donc la profession médicale du contrevenant à la bonne morale, qui se vante d’avouer un crime anonyme sans révéler dans son aveu la moindre confession. Non seulement, l’auteur est toujours masqué sous deux initiales, son épouse n’étant peut-être toujours pas si accommodante en 1947 qu’en 1930 et qu’un nouveau manteau de fourrure n’eut pas suffi à la rendre aveugle, mais le responsable des gravures n’apparaît pas mieux.

Le Libertin de Delft, édition 1930.

Lors de l’édition en 1930, l’illustrateur était exposé au grand jour : Le Libertin de Delft, 130 pages ornées de 8 eaux-fortes originales en couleurs de Charles de Rog, tiré à 100 exemplaires numérotés sur papier à la Forme de Rives, avec un double état des figures (ndlr terme dont j’aimerais connaître la signification, l’esquisse et le final ?) paraît en 1930 aux éditions de La Société des Amis du Livre Rare au Trianon. Il se vendait à Paris, « au Trianon, 11 rue de Cluny, à l’angle de la rue Sommerard », près de la Sorbonne…
Sauf qu’il s’agit d’une société fictive, ou tout moins qui ne publia que ce seul livre, et que Charles de Rog n’exista chez les artistes que pour l’illustrer. Un hasard providentiel, ou une synchronicité chère à certains, a mis sur mon chemin un papier tout frais rédigé sur un artiste, Gaston Goor, légèrement sulfureux dans ses fréquentations, qui œuvrait à l’époque et dont l’une des œuvres s’intitule Le Libertin de Delft… D’après le rédacteur (dont les articles sont en général denses et référencés), le dessin aurait été réalisé en 1947. Pourtant, il n’est pas imprimé dans la réédition alors que les similitudes avec ce que j’ai pu voir (en format ridicule) d’une des eaux-fortes, il s’apparente amplement à ceux de l’édition de 1930.

Libertin de Delft : Illustration de Gaston Goor // Illustration de Charles de Rog.

« Gaston Marie Charles Léon Goor est né à Lunéville le 26 octobre 1902. Il était le fils d’Auguste Léon Goor et de Marie Angèle Berthe Becker. » nous apprend Le blog des Diagonales du temps [NDLR : réf. du 7 juin 2014, Site disparu depuis]. Charles, Goor : Charles de Gor, je soupçonne peut-être à tort que l’un soit l’autre.
Alors, date erronée volontairement sur cette première édition dont l’allure rappelle sans hésitation la seconde, erreur sur la date du dessin de Goor, projet abandonné ou simple coïncidence ? Une énigme fréquente dès que l’on aborde les publications « sauvages ».
À noter que cette édition originale de 1930 n’est pas référencée à la BNF, contrairement à la suivante.

Les Sonnets du Toubib, 1946.

À la Tournelle, la seconde maison éditrice a publié au moins deux livres, Le Libertin de Delft, donc, mais aussi, un an plus tôt, Les Sonnets du Toubib, à la même adresse.
Les Sonnets du Toubib
Bois originaux de Stéphane Mrozewski
Se trouve aux Éditions de la Tournelle, c’est-à-dire nulle part,
et chez le bon libraire Le François au
n°91 du boulevard Saint-Germain à Paris (France)

De nulle part résume l’évidence.

Stéphane Mrozewski : Bois gravés pour les Sonnets du Toubib, 1946.
Stefan Mrożewski : Autoportrait, 1932.

Seuls les diffuseurs, des librairies, ont une existence matérielle. Ce petit livret de 44 pages est distribué également à 500 exemplaires. Tout comme Le Libertin de Delft, il est garni de 37 gravures. L’artiste, quoique rare, était connu, un article en dresse le portrait : Stéphane Mrozewski par Pierre Mornand dans la rubrique « Les artistes du livre » du Courrier graphique revue des arts graphiques n°31, 1947. Il est aussi crédité dans un ouvrage paru en 1931 aux éditions du Trianon, qui devaient être familières à la fameuse société amicale de 1930 : Une aventure à Sidon, par Henryk Sienkiewicz, traduit du polonais par le comte Jacques de France de Tersant et Joseph-André Teslar ; illustré par Stéphane Mrozewski…
L’origine de l’écrivain, polonais, a orienté mes recherches vers le pays, un indice payant qui mène à Stefan Mrożewski (1894 — 1975), bien mieux connu dans son territoire maternel. Renommé pour ses gravures sur bois de classiques pour Faust, et en général de figures sacrées et de légendes, il débuta sa carrière en Pologne, en Hollande, passa en France et mourut en Californie. Il existe une collection à Chicago au musée The Polish Museum of America. Il aurait même réalisé un portrait de H.G. Wells pour l’Exposition Universelle de New York en 1936.

Stefan Mrożewski : Autoportrait, 1932

Les Sonnets du Toubib est pourtant plus intéressant par l’affichage de son programme de publications : « La Collection des Anonymes » dont il est le quatrième numéro annonce trois titres Bouteille et Vénus, La Ripopée du sieur Ignotus et Romance de la dame interdite. Ces trois récits, des contes érotiques, ont été publiés avant la Seconde Guerre mondiale, écrits et illustrés par des habitués du genre et édités dans des collections ou éditions souvent farfelues émanant de l’université de médecine.
Ont-ils connu une seconde vie dans cette collection déjà épuisée ? Ou plutôt il s’agit d’un souvenir des amusement d’avant-guerre, aux beaux jours de la société amicale des années 1930.
Bouteille et Vénus ou Laissés pour compte d’un poète notoire et modeste, anonyme attribué par certains à Fernand Fleuret (1883 — 1945) — né un 1er avril, ami d’Apollinaire, mort fou d’excès en 1945  — et par la BNF à Raoul Ponchon (1848 — 1937) fut publié en 1933 par Les Disciples d’Hippocrate à Paris, avec des bois de Valentin Le Campion (1903 — 1952). La Ripopée du sieur Ignotus, sommelier du Roi de la Fève est paru chez l’Éditeur Hippocratique en 1934, toujours illustré par Le Campion comme il orna la Romance de la dame interdite par un trouvère du XXe siècle qui tait son nom, le poète d’origine occitane André Berry (1902 — 1986) en fait, et que l’on trouvait « dans l’officine de maître Escat, disciple d’Hippocrate, proche le Pont de la Tournelle » en 1936.

Des jeux poétiques de carabins devenus bourgeois, n’osant pourtant pas trop s’exposer à l’opinion publique, car on ne sait trop qui ils étaient, à moins d’entreprendre une recherche plus fouillée sur les registres cadastraux, ou ceux de l’université de médecine. On peut seulement imaginer qu’ils ont dû se tordre de rire s’ils ont eu connaissance de ce compte-rendu paru en octobre 1930 dans le bulletin de la digne Société Historique et Archéologique de Dunkerque et de la Flandre Maritime, malheureuses dupes de province. À moins que ceux-ci se soient secrètement amusés de cette énigme plus salée que l’ordinaire servi aux réunions, laissons le doute planer.

SÉANCE DU 19 OCTOBRE 1930
Enfin, le président a relevé parmi les publications récentes un ouvrage intitulé « Le Libertin de Delft », paru dans les Éditions du Trianon. L’auteur qui s’appelle Herbert Maurice Van der Spleen — ce qui n’est sans doute qu’un pseudonyme — serait originaire des environs de Dunkerque. Il serait né sous Louis-Philippe et mourut à trente ans de folie furieuse à Delft en Hollande. Il serait intéressant de préciser ses origines et de savoir s’il s’agit réellement d’un poète originaire de la Flandre Maritime.
Société Historique et Archéologique de Dunkerque et de la Flandre Maritime (Union Faulconnier). Fondée le 3 avril 1895. Bulletin Tome XXV – Fascicules 111 à 115 ; 1930.À
Imprimerie du Nord Maritime, 30 et 32, Place Jean Bart.

…c’est à dire nulle part.

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