« L’Automate », de M. de Blanche, est extrait de Fables nouvelles et contes en vers, Victor Sarlit, libraire-éditeur, 1864.
L’Automate
Un Automate parlait :
Ce fait commun plus n’étonne.
Sa voix ferme articulait,
Non pas un son monotone ;
Il disait : seul j’ai raison.
Il répétait cette phrase
Avec morgue, avec emphase.
Maint Rhéteur la paraphrase,
Sur l’un et sur l’autre ton.
La Raison, voilà ma règle :
Sur cette Raison je règle
L’univers à ma façon.
Pourquoi notre Vaucanson
Fit-il à son Automate
Répéter ce sot jargon,
En ce temps fort de saison ?
Je l’ignore, je relate
Le fait tel qu’il m’est connu.
Or un bon fermier venu
Pour voir l’homme mécanique,
Prenant un air ironique,
Pour rabattre son caquet,
Lui dit bien franc et bien net,
Chef des Parleurs automates,
C’est à tort que tu te flattes ;
Ta raison
N’est que du son.